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Journal d’une future PVTiste en errance

Comme beaucoup de futurs PVTistes dans mon cas, je suis passée par pas mal de phases différentes durant la période de confinement. De nombreuses interrogations quant à notre projet canadien, des hauts, des bas, mais jamais question d’abandonner. J’ai voulu retracer tous ces mois d’errance, avec un peu plus de recul aujourd’hui. Et une bonne nouvelle à la fin 😉

Mars

Premiers jours de confinement.
Je me questionne quand même quant à mon karma. Après plus d’un an de préparation assidue pour une nouvelle vie, tout dégringole en 3 jours. À mesure que les jours passent, ça cogite de plus en plus dans ma petite tête. Comment je vais faire avec mon PVT ? Combien de temps je vais rester sans travailler ? Va t-on pouvoir partir un jour ? Etre entretenue par l’Homme faisait-il partie de mon plan de carrière à 31 ans ?


Voyons le bon côté des choses, je vais avoir plus de temps pour faire du tri et du rangement. Et rattraper mon retard sur Netflix.
Je vais me remettre au sport aussi. 3 fois par semaine de cardio et renforcement musculaire, ça me paraît pas mal. Je télécharge 3 applis de fitness et je suis archi motivée. Avec un peu de chance je ressortirai de ce confinement avec un petit 6-pack.

Avril


Un mois de confinement.
Et a priori, pas le dernier. Comme beaucoup, je passe ma vie dans la cuisine, à tester mes nouvelles lubies culinaires. Sauf que les séances de sport se font de plus en plus rare. Ce qui fait que l’équation bouffe/élimination n’est plus bonne du tout.
J’ai aussi découvert des recoins jusqu’à présent non-explorés en faisant le ménage. Je n’ai jamais autant nettoyé cet appart. Il paraît que ça vide l’esprit et j’en ai bien besoin. Toujours autant de questions pour si peu de réponses. Il semblerait que le Canada rouvre ses frontières le 30 juin. L’espoir renaît.

J’arrête de regarder les infos, ça m’angoisse. Bon ok, pas totalement. Je me mets à regarder les interventions de Justin Trudeau sur Radio Canada. J’ai un peu l’impression d’y être et c’est loin d’être dégueu visuellement (#onfaitcequonpeut).

Je passe aussi ma vie sur le groupe des PVTistes sur Facebook, histoire de me tenir informée des dernières nouvelles. On est beaucoup dans cette galère, du coup je me sens un peu moins seule. Apparemment on peut faire une demande d’extension pour la lettre d’introduction du PVT. Ça tombe bien, la mienne expire dans un mois. Une autre petite lueur d’espoir ce mois-ci, je ne devrais pas perdre mon permis.

Mai

À force de ne rien faire, on n’a rien envie de faire.
C’est comme ça que j’ai réussi à transformer mon canapé en matelas à mémoire de forme à force de saigner Netflix. J’ai bien rattrapé mon retard, remarque. Pris de l’avance, même.

Je ne peux plus voir ma cuisine. Je me suis trop donnée d’un coup, maintenant le fait d’y mettre un pied me dérange. Finies les recettes spéciales pandémie, les pâtes au gruyère c’est pas mal non plus.

Je sens aussi que ma santé mentale est parfois à deux doigts de flancher. L’impression d’être un peu bipolaire certains jours.
10h23 : « On doit rester positifs, on va finir par partir, c’est qu’une question de jours ou de semaines. Ça va bien aller, comme ils disent là-bas »
11h04 : « Mais pourquoi, POURQUOI ça nous tombe dessus ? On n’arrivera jamais à partir… de toute façon, à Noël on est encore là ». Tout ça sous le regard dubitatif de l’Homme, qui regrette sûrement de s’être marié 6 mois plus tôt.

Heureusement, le déconfinement est prévu ce mois-ci. Mais ça sera comment la vie post-confinement ?
Bon, la bonne nouvelle, c’est que j’ai reçu la prolongation de ma lettre d’introduction. Trois mois supplémentaires pour me rendre au Canada. Enfin, je peux respirer un peu.

Juin

La vie reprend un peu son cours.
Pour la première fois depuis deux mois, je reprends les transports en commun. Pas pour travailler, mais pour re-tisser un semblant de lien social.
Avec les copines, on s’organise de nouveau des apéro-maison et des dîners au restau. Le naturel revient vite, sans la fameuse bise (j’aimais pas ça de toute façon).
Je revois ma famille plus souvent, dans des circonstances pas toujours très drôles, mais au moins je peux profiter d’eux un peu plus.

Reste que, malgré cette liberté retrouvée, je ne suis pas à 100% de mes capacités. En réalité, j’ai la sensation de calculer tous mes faits et gestes qui pourraient potentiellement m’infecter ou infecter quelqu’un.
Je m’attarde beaucoup trop sur les choses qui m’énervent. Les gens qui gardent leur nez en dehors du masque m’agacent (c’est pourtant pas compliqué, bon sang !). Ceux qui s’assoient sur les places condamnées dans le métro, avec un gros autocollant dessus, alors que la rame est vide, m’exaspèrent profondément. Ah, et ceux qui enlèvent leur masque pour éternuer aussi, ça mérite d’être mentionné.
Pourtant, l’hypocondriaque qui est en moi vit globalement plutôt bien ce retour à la civilisation. Avec des névroses en plus, certainement.

On annonce sur les réseaux sociaux que le Canada ne rouvrira pas ses frontières fin juin, comme c’était prévu. J’avais naïvement misé là-dessus pour me rendre sur place et chercher du travail directement là-bas. Mes plans sont réduits à néant, encore. Alors je commence ma recherche d’emploi au Québec d’ici, depuis mon canapé à mémoire de forme.

Juillet

J’essaie de me reprendre en main.
Je décide d’aller m’acheter une corde à sauter, histoire de reprendre un semblant d’activité sportive. Ça fera aussi du bien au moral, qui est en dents de scie ces derniers temps.

Côté professionnel, je réponds à pas mal d’offres d’emploi. En revanche, les retours se comptent sur les doigts d’une main. Soit les recruteurs prennent contact mais ne donnent pas suite avant même de passer un entretien. Soit la candidature n’est finalement pas retenue, sans passer l’entretien. Va savoir pourquoi, c’est pourtant pas faute d’être géniale.

Oui, mais un problème de taille se pointe. Ma lettre d’introduction arrive déjà à expiration le mois prochain. Presque 90 jours se sont donc écoulés. Trois mois à ne rien faire qu’attendre. La recherche d’emploi se corse, je risque de me retrouver le c** entre deux chaises tant que je n’ai pas reçu ma nouvelle lettre d’introduction. Je fais la demande de prolongation en début de mois, ça ne devrait pas être trop long.

Je m’octroie quelques jours de vacances avec les copines, à quelques heures de Paris. Une grande maison, de la verdure, une piscine, des gloussades. C’est tout ce qu’il me faut.
À mon retour de virée entre filles, on apprend avec l’Homme qu’il peut faire une demande de traitement d’urgence pour son JP. Son métier étant jugé essentiel par le gouvernement, il pourrait obtenir sa lettre d’introduction plus rapidement. Ni une ni deux, il envoie sa demande, appuyée par son employeur québécois.
Ça me rappelle que je n’ai aucune nouvelle de ma demande à moi, et ma lettre expire dans une semaine. D’ailleurs, les frontières ne rouvriront pas non plus ce mois-ci.
C’est alors que naît une autre passion de (future) PVTiste en errance : l’application TextMe, pour contacter IRCC directement par téléphone.

Août

Le numéro de l’immigration fait sa place dans mes contacts favoris.
Après 4 appels et 3 formulaires remplis (on ne trouvait pas de traces de ma demande), j’obtiens enfin ma deuxième prolongation de LI. Genre, la veille au soir de son expiration. Comme si quelqu’un voulait jouer avec mes nerfs.
À nos heures perdues (c’est-à-dire à n’importe quelle heure de la journée en ce qui me concerne), on passe des coups de fil à IRCC pour savoir où en est le JP de l’Homme. Une ou deux fois par semaine, ça dépend. Ça à l’air vite fait dit comme ça, sauf quand tu sais qu’en moyenne un appel dure 47 minutes. Dont 30 à écouter une musique que je ne pourrai jamais oublier. JAMAIS.

La corde à sauter a servi deux fois. Maintenant elle est au fond d’un sac, lui-même au fond d’une armoire. Avec tout le stress que je m’inflige, il me faut une activité dé-tente. Ce sera la piscine cette fois. J’arrive à tenir mon objectif d’aller nager 3 fois par semaine. Bon, ok ça dépend des semaines. Et ça ne fait que 3 semaines. Mais je dois avouer que ça fait du bien au moral et au dos tendu qui fait mal.

Les jours passent et rien ne change. C’est bien ça le problème. Tout le monde reprend une vie normale petit à petit. Sauf moi.
Je me dis que le départ est peut-être imminent, alors je reprends mes ventes Vinted / Le Bon Coin. Mieux vaut anticiper pour ne pas me retrouver avec tout l’appart sur les bras le moment venu. Mais bon, ça ne bouge pas vraiment étant donné que tout le monde s’est fait la malle à la plage.
L’agent en charge du dossier de l’Homme aussi, visiblement. Jusqu’à ce l’Homme reçoive une demande sur son compte CIC.

Septembre

Le bout du tunnel !
L’Homme reçoit un email de la part d’IRCC lui demandant de fournir un document supplémentaire pour finaliser sa demande : son contrat de travail québécois. Inutile de dire qu’aussi rapide que l’éclair, il leur renvoie illico presto ledit document.

24h plus tard, il obtient enfin sa lettre d’introduction !!! En quelque secondes, notre projet reprend, après avoir été à l’arrêt pendant plus de 5 mois. Je ne réalise toujours pas, même quelques jours plus tard.

On s’était fixé un départ sous 3 semaines à compter de la réception de sa lettre d’introduction. C’est donc chose faite : départ dans 3 semaines !

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